L’Islam, le mariage légal et l’amour

Au Maghreb, on observe une contradiction souvent flagrante concernant l’amour au sens large, même dans la relation conjugale légalement contractée et reconnue aussi bien par la communauté « civile » que les administrations concernées (fichiers d’état civil municipaux, tribunaux…). L’Islam consacre strictement la légitimité conjugale et n’a jamais jeté l’anathème sur la sexualité pour autant qu’elle s’inscrit dans le cadre des liens du mariage.
Certains théologiens aimeraient qu’il y ait plus de rigueur dans la réglementation de la vie sexuelle des couples mariés, mais dans l’ensemble, ils s’inclinent vite à la lecture de certains versets parfaitement explicites permettant aux couples de vivre pleinement leur sexualité : »Vos femmes sont votre semaille. Allez à votre semaille de la façon que vous voulez. » (1). Le Prophète lui-même aurait déclaré que l’œuvre de chair, lorsqu’elle était conforme à l’esprit islamique, avait valeur d’aumône. Du coup, l’acte sexuel s’est trouvé déculpabilisé aux yeux des musulmans, d’autant que la fécondité des épouses sur laquelle repose « la richesse » d’une famille ou d’un clan ou d’une tribu est liée à la fréquence des rapports au sein du couple.
Abderlwahab Bouhdiba, dans son ouvrage « la sexualité en Islam » (2) insiste tout particulièrement sur une « islamité qui ne saurait être dissociée de la sexualité ». Plus loin : » poser la question du sens de la sexualité, c’est finalement poser la question du sens de la création, c’est à dire à la fois du sens de Dieu et celle du sens de l’homme. »
 Pourtant , dans la réalité, la tolérance , voir la « licéité totale » de la vie amoureuse en couple légalement réuni n’est pas aussi évidente, tant les tabous, les interdits traditionnels imposés par la communauté, donc sans base juridictionnelle religieuse explicite), la pudeur de rigueur dans le domaine, la promiscuité au sein des familles (très souvent nombreuses), ainsi qu’une fâcheuse tendance chez certaines femmes à obtenir des révélations confidentielles qui finissent par circuler au détriment de l’épouse naïve ou trop bavarde.
Il y a donc cette liberté coranique étayée par de nombreux hadiths (3), d’un côté et de l’autre, les pratiques anciennes dominées par des valeurs machistes, patriarcales : primat nataliste, caractère patrilinéaire de la famille, primauté de la lignée masculine sur la lignée féminine, déséquilibre dans les droits de succession, etc…
L’interdit explicite de toute relation sexuelle hors-mariage fait donc de l’union légale un moment décisif dans la vie des femmes et des hommes qui décident de s’unir. Le mariage, devenu obligation donne lieu à un rituel, des règles, des cérémonies et souvent un faste chez les plus nantis sans égal par rapports aux fêtes religieuses ou traditionnelles (fêtes paysannes liées aux activités agricoles, visites aux Saints-Patrons de telle ou telle région…)
De nombreux rituels sont communs aux trois pays principaux du Maghreb. Mais il existe des différences d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre à l’intérieur d’un même pays.

Obligations et rituels communs aux trois pays du Maghreb

– La demande en mariage ou Khotba

C’est quand toute la famille du prétendant au mariage, ses parents, frères, sœurs, tantes, cousines … débarque chez celle de la jeune convoitée, pour demander sa main (à son père).
Et c’est aussi l’un des moments les plus redoutés du couple qui espère que les familles vont s’entendre et si possible dans un climat de sérénité et d’accord parfait.
Dans le société traditionnelle, en principe, les deux futurs époux ne se connaissent pas, ils ont des informations par les membres de la famille qui ont décidé le mariage, généralement à la demande du garçon qui se confie à sa mère ou à l’une de ses sœurs. Il arrive parfois que cela soit la mère qui décide qu’il est temps de trouver épouse à son fils et qui entreprend les démarches nécessaires pour trouve la « perle rare ».
Mais les temps ont changé, notamment dans les grandes, moyennes et petites villes.
Aujourd’hui, les amoureux se connaissent : ancien camarade de classe ou d’université, collègue de travail ou simple rencontre impromptue qui « accroche » ; certains se fréquentent selon des règles de discrétion au niveau du comportement et prennent la décision de s’unir.
Chacun en discute avec ses proches , révèle l’identité de l’heureux ou l’heureuse élue, son appartenance familiale, sa situation professionnelle etc…
Ainsi, le couple s’accorde pour fixer la date de la Khotba, en fonction des disponibilité des familles. La Khotba permet notamment aux familles respectives de se rencontrer et d’officialiser l’union de leurs enfants : c’est l’équivalent des fiançailles.

Le cérémonial de la Khotba

La famille du marié se présente, chargée de cadeaux tels que fleurs, dattes, sucre, gâteaux, pâtisseries et aussi bijoux, bague de fiançailles, (emprunt à la culture française), coffret de parfum, caftan, et de plus en plus souvent un bel exemplaire du Coran…
Le marié et ses proches sont reçus autour d’un repas préparé par la famille de la mariée.
Les mamans abordent la question de cette fameuse main de la mariée ; c’est-à-dire obtenir formellement l’acquiescement, sous forme de « parole donnée ».
Selon la religion musulmane, c’est à la femme de décider et de donner son consentement, notamment à ses parents. Elle le fait mais par pure formalité, puisqu’elle est consentante.
Les familles s’accordent ensuite sur l’organisation du mariage (dot, date, lieux…).

Le « mahr » (dot)/

Le mahr est le don, selon les prescriptions de l’Islam, que l’époux doit faire à l’épouse. Ce don outre qu’il représente la volonté, le désir d’union, permet également d’offrir certaines garanties à la femme. Le mahr pourrait permettre à la femme de survivre seule pendant quelques mois en cas de malheur (décès ou maladie de l’époux par exemple).. Parmi les prestations matrimoniales connues, telles la compensation matrimoniale, le mahr est comparable au douaire, avec cependant quelques différences dans sa définition juridique.
Ce don peut prendre diverses formes, comme une somme d’argent ou d’autres biens. Il peut également être divisé en plusieurs parts : l’une remise à l’épouse au moment du mariage, l’autre après sa consommation et restant due en cas répudiation ou de veuvage.
Les exégètes  musulmans considèrent que le mahr donne une certaine solennité au contrat de mariage et responsabilise le mari quant à ses futures obligations d’époux et de père. (4)
Le mahr est mentionné dans le Coran, par exemple le verset 4 de la sourate 4 (An-Nisā’) :
« Et donnez aux épouses leur mahr, de bonne grâce. Si de bon gré elles vous en abandonnent quelque chose, disposez-en alors à votre aise et de bon cœur. »

Le rituel purificateur du Hammam

Comme en Occident, la mariée aussi profite de ses derniers jours de célibat pour se détendre et profiter de moments privilégiés avec ses proches. Ambiance 100% féminines.
L’équivalent de l’enterrement de la vie de jeune fille.
La semaine précédent la cérémonie, la mariée, ses proches et ses amies se rendent au hammam, privatisé à l’occasion, pour faire peau neuve et se détendre.
Le hammam est issu des civilisations romaines, grecques, arabes et ottomanes (les fameux bains turques). Le terme Hammam signifie source de chaleur. Ces bains de vapeur sont reconnus pour :
permettre un nettoyage en profondeur de la peau (la température ouvrant les pores de la peau)
procurer une relaxation profonde
soulager les courbatures
améliorer le sommeil
Au programme : bain purificateur au lait, gommages et massages à base de savon noir et de Rhassoul,(4) et enfin dégustation d’un thé à la menthe et pâtisseries dans une ambiance tamisée.

La cérémonie du Henné

Le rituel du tatouage au Henné, de l’arabe Henna, apporte à la mariée la Baraka (bénédiction) et une protection contre le mauvais œil. Ainsi, chaque composant du rite est symbolique :
Les œufs pour la fécondité du couple
Le sucre pour la chance
L’eau de fleur d’oranger pour la pureté et la fertilité
Le lait et l’eau de Rose pour la pureté
Les motifs au Henné, qui représentent des symboles de protection, sont réalisés par une professionnelle, la Hennaya ou Nekacha, sur les mains et les pieds de la mariée et ceux de ses proches. Le cérémonial a lieu généralement la veille du grand jour chez la mariée ou le jour du mariage, pendant la soirée, sur le lieu de réception du mariage.
La mariée est vêtue d’une robe traditionnelle, généralement un caftan et ses amies portent, au choix, des robes traditionnelles ou non.
Il arrive que le rituel du henné soit célébré le soir du mariage, après le repas, dans le lieu de réception. C’est l’occasion pour les invités de déposer des enveloppes d’argent (une contribution sans sommes définies aux frais du mariage) dans l’urne disposée à proximité.
Ce rite peut aussi se produire le jour du mariage.

Le choix du jour du mariage

Le mariage est généralement célébré en été, à partir du jeudi, puis le jour de prière soit le vendredi. Il dure 7 jours. En France et en Belgique, pour des raisons pratiques de disponibilités, les mariages se déroulent sur une seule journée : le samedi.

Le mariage à la mairie

Cette procédure étant devenue obligatoire pour rendre le mariage légal devant la Loi peut varier selon les pays. Sinon, le couple ne peut prétendre à aucun des services de l’Etat via les municipalités : délivrance d’un livret de famille, enregistrements des futures naissances, remises de bulletins de naissance ou de décès et, dépôt de dossiers pour demande de logement etc… Généralement, les mariés se présentent devant le maire en habits occidental, le costume pour Monsieur et la robe blanche traditionnelle pour Madame. Ils seront accueillis à leur arrivée et à leur sortie de la mairie par les membres de la famille et autres accompagnateurs, avec souvent la présence d’un orchestre traditionnel.
Cette démarche est indépendante et différente du point de vue de la valeur sociale et morale du mariage religieux, qui reste une affaire privée, majoritairement observée puisqu’il s’agit d’une « prescription » coranique. Dans certains milieux aisés -très rares – et surtout chez certains intellectuels le mariage religieux est même « ignoré ».

Le mariage religieux

Munis de l’acte de mariage, les jeunes mariés qui le souhaitent, peuvent enchaîner avec le mariage religieux, à la mosquée ou en privé au domicile de l’un des deux conjoints, selon les pays. L’imam, comme toute autre autorité religieuse (prêtre, rabbin…), scelle l’union devant témoins par la lecture de sourates du Coran.
Le mariage religieux, peut -c’est souvent le cas – précéder le mariage « civile » à la mairie, car il donne aux mariés et leurs familles une plus grande légitimité lors des formalités administratives pour l’enregistrement de l’acte.

La séparation des femmes et des hommes

Traditionnellement, le lieu de réception comporte deux espaces séparés, l’un pour les femmes et l’autre pour les hommes. Cette pratique est toujours de mise surtout en milieu rural fortement attaché aux traditions et où le poids de la religion en termes de pratiques très rigoureuses pèse encore très fort, ainsi que chez les catégories des populations urbaines les plus modestes.
Dans ces cas, les repas sont servis séparément et même pour les réjouissances, les hommes ont souvent droit à un orchestre traditionnel, en plein air et en profitent pour se « lâcher », qui pour exiger tel air ou telle chanson, qui pour se lever et se défouler en dansant. Rare moment où les papas se laissent ainsi aller devant leurs enfants et autres membres de la famille et où même les personnes âgées sont encouragées à esquisser quelques pas de danse ou même de pousser la chansonnette.
Les femmes quant à elles, « confinées » dans des espaces clos mangent entre elles, avec les enfants, garçons compris. Ces derniers peuvent faire l’aller-retour chez les hommes et chez les femmes s’ils ne sont pas encore pubères. Les filles, généralement restent avec leurs mères notamment pour apprendre à danser. Car les femmes n’ayant pas droit à un orchestre (sauf dans les milieux aisés), se débrouillent avec de simples percussions confiées à des habituées et entonnent leurs propres chants, chacune y allant de son propre répertoire.

Particularités des mariages maghrébins

Mariages algériens : entre traditions et modernité

Compte tenu de ce tout ce qu’a connu l’Algérie depuis son indépendance (choix du socialisme dans un premier temps avec développement spectaculaire grâce à ses richesses en hydrocarbures, puis crise économique suivie d’une guerre civile de plus de 10 ans, passage au multipartisme et libéralisation de l’économie…), le mariage ne pouvait rester tel qu’il était et échapper aux mutations profondes qui travaillaient la société en profondeur.
Le processus traditionnel se devait de suivre les évolutions rapides en matière de modernité tout en essayant de conserver les règles fondamentales de l’union conjugale selon les principes religieux, quitte à les adapter eux aussi sans toutefois dépasser les limites des prescriptions coraniques et les règles de la charia qui ont été introduites dans le droit public sous l’appellation de « code de la famille » (5).
Le mariage a ainsi connu des changements importants aussi bien dans la forme (cérémonie, coûts) que dans le contenu : les mariages forcés ont beaucoup diminué, les femmes, majoritairement scolarisées sont plus exigeantes et surtout ont désormais leur mot à dire.
Ces changements importants ont affecté sa capacité de « reproduction » à la manière traditionnelle.
La question traditionnelle « qui épouse qui ? » n’est plus suffisante parce qu’il importe moins d’identifier les acteurs que de chercher à comprendre pourquoi tardent-ils à se marier, quel sens donnent-ils au mariage aujourd’hui et quelle distance prennent-ils à l’égard des contraintes de la tradition ? En effet, l’une des conséquences les plus importantes est que les mariages se font à des âges de plus en plus tardifs, pour les filles comme pour les garçons et le célibat (le plus souvent forcé) connaît une augmentation spectaculaire qui ne va pas sans graves problèmes surtout pour les femmes.
L’une des principales nouveautés imposées par le développement et le désir de modernité que partagent toutes les catégories sociales, aisées ou non, réside dans l’»externisation » des festivités, alors que jusque-là, la cérémonie était affaire familiale et se déroulait dans les demeures des mariés, quitte à faire appel au voisin pour qu’il ouvre aussi ses portes aux invités. Avec l’externalisation des préparatifs qui étaient traditionnellement effectués par les femmes de la famille aidées bénévolement par des voisines ou amies, le coût des noces a littéralement explosé.
Le marché de l’automobile ayant été libéralisé, il est désormais possible même aux citoyens les plus modestes de se procurer un véhicule, malgré les tracasseries administratives toujours de mise, moyennant le cas échéant quelques dessous de table.
Mais, consumérisme oblige, rivalités et goût de la « frime », il n’est pas question d’embarquer la « princesse du jour » à bord de n’importe quel tacot, et il n’est pas rare de voir débouler la belle dans une berline noire au capot orné de roses, suivies d’une dizaine de voitures toutes aussi luxueuses, avec des jeunes gens perchés aux fenêtres. Feux de Bengale à bout de bras, bruits de pétards et youyous interminables relayés durant tout le trajet.
Direction la salle spécialement louée pour la circonstance. Des salles somptueuses conçues pour les spectacles (privés), les réunions des « gens de la société civile » (associations, partis politiques…) dans un pays qui connaît une crise du logement endémique !
A l’arrivée, le mari, burnous beige sur costume noir (le tout haut de gamme), l’accueille pour qu’ils entrent retrouver les quelques centaines d’invités qui patientent à l’intérieur. Les mariés traversent la foule de femmes en robes pailletées, d’hommes en costume, de musiciens en tenue traditionnelle (souvent des orchestres de réputation qui exigent des « cachets » non négligeables) et rejoignent un immense canapé doré qui trône sur une estrade. Il va sans dire que les ripailles sont fournies par des traiteurs, des pâtissiers ou des restaurateurs qui se dévouent pour l’occasion.
Dans les mariages traditionnels, le jour du mariage, l’homme, accompagné de ses proches, se rend chez les parents de sa belle.
Dans la tradition algérienne, la mariée quitte le domicile de ses parents en passant sous le bras de son père, symbole qu’elle passe maintenant sous la protection de son mari.
Les proches entonnent alors des youyous (zagharit), ainsi que des louanges, chants à la gloire du prophète qui est répété par les femmes pour bénir et protéger la mariée quand elle se dévoile aux invités et à son mari.

Le mariage marocain, quelques particularités

Le déroulement de la cérémonie nuptiale est pratiquement identique sur tout le territoire du royaume. Mais les rites peuvent là aussi varier d’une région à l’autre. Cela concerne les tenues vestimentaires, les chants, danses, et les mets qui diffèrent avec des signes distinctifs selon la coutume et la culture de la région.
Le caftan traditionnel est le vêtement par excellence que revêtent pratiquement toutes les mariées, toutes catégories sociales et régions confondues. Tout au long des festivités, la mariée en enfile successivement plusieurs de couleurs et de coupes différentes. Quant au marié, il porte généralement deux types de tenues : un costume occidental et une tenue traditionnelle reflétant ses origines ethniques et/ou régionales. Autrefois, le mariage s’étalait sur sept jours, comme dans les autres pays du Maghreb, mais désormais il a été réduit à trois jours dans les zones rurales et à un jour en milieu urbain.
En ville, la cérémonie nuptiale est fréquemment organisée dans des salles de fêtes spécialement aménagées pour célébrer les mariages.
Dans les campagnes, la fête prend une toute autre allure, puisqu’elle mobilise de manière spontanée les gens d’un village tout entier et cela durant plusieurs jours. La solidarité et l’esprit communautaire sont toujours plus vivaces en zone rurale qu’en milieu urbain.
Pour ce qui est de l’acte de mariage « civile » comme il en été question plus haut, Deux « adouls » (notaires traditionnels) se rendent chez le père du marié ; ils certifient et transportent la somme de la dot jusqu’au domicile de la mariée. Elle est remise au père de la fiancée. Le versement de la dot signale la fin des fiançailles et marque le début des festivités du mariage.
Le certificat de mariage, appelé al kaghet, est établi par un des deux  adouls ( généralement un homme religieux connu pour sa piété et sa probité). Ce certificat est ensuite accrédité par la section de la justice en charge des familles.
Au Maroc, il existe des « marieuses professionnelles ». Elles portent le nom de « negafa ». C’est la « negafa en chef » (car elles sont généralement 4 ou 5) qui organise le mariage et veille scrupuleusement au respect et à la réalisation de l’ensemble du « protocole » voulu par la tradition. Les autres lui portent assistance et exécutent ses ordres. Mais la « negafa » doit se plier aux désirs des époux et de leurs familles qui peuvent personnaliser certains aspects de la cérémonie.  Elles n’étaient d’ailleurs jamais rétribuées mais recevaient un bon repas, des cadeaux et de la considération.
Aujourd’hui, dans les milieux citadins aisés les esthéticiennes et les modélistes des grandes maison de couture remplacent peu à peu les marieuses traditionnelles dans leurs domaines. Instruites, modernes et au courant des modes occidentales, elles peuvent choisir avec précision le look le plus adapté à la morphologie de la mariée en se référant aux tendances les plus en vogue.
Autre particularité du mariage traditionnel à la marocaine : le rituel de l’Amariya. Il s’agit d’un palanquin en bois joliment orné de dorures argentées ou dorées qui permet d’introduire les mariés et de les présenter aux invités lors de la cérémonie du mariage. Phase essentielle de la cérémonie, l’époux et la jeune mariée doivent être portés comme les sultans sur les épaules des membres de leurs familles respectives pour être vus et admirés.

Particularités des mariages tunisiens

Comme en Algérie pour le Code de la famille, le cadre légal définissant le mariage en Tunisie est essentiellement basé sur les dispositions du Code du statut personnel.
La polygamie est interdite et passible d’un an de prison et d’une lourde amende.
Le mariage de l’homme avec une femme dont il a divorcé trois fois est également interdit.

Le saboun

A l’approche de la date du mariage, les familles se préparent à la célébration des différents rituels. Le saboun est le premier de ces rituels. Il correspond à la préparation du trousseau de mariage de la future mariée, par des membres féminins de sa famille : tantes, sœurs, cousines et quelques fois des amies…Outre les vêtements et bijoux offerts traditionnellement par le futur époux, du linge de maison, des appareils électroménagers, des ustensiles de cuisine, font désormais partie du trousseau de la future mariée.

Le «Hazen el-Farch »

qui vient le jour suivant est la suite de la cérémonie du Saboun. Il consiste à préparer le trousseau de la mariée pouvant contenir des équipements électroménagers, de l’ameublement, des objets de décoration, des ustensiles de cuisine… Ainsi les membres féminins de la famille de la mariée (sœurs, cousines, tantes…) se réunissent pour aider la mariée à déballer son trousseau et à ranger ses affaires dans son nouveau foyer.

L’outia ou fête de laaroussa

Particularité tunisienne, l’outia consiste à présenter la mariée aux invitées et aux membres des deux familles. Richement vêtue, la mariée et ses invitées portent des tenues traditionnelles propres à leur région d’origine. Elle peut porter jusqu’à 4 tenues différentes pendant la même soirée.
L’outia précède la fête du dokhla, jour du grand mariage et se déroule le sixième jour, si le mariage se passe en sept jours.

La dokhla

En Tunisie, comme ailleurs dans les deux autres pays principaux du Maghreb, fini les temps des mariages dans l’enceinte familiale ; place à la location de salles de manière à accueillir le plus de monde possible et montrer que l’on a les moyens.
Réunis dans une grande salle, les jeunes mariés, leurs familles et leurs invités célèbrent dans une ambiance de fête le mariage ; assis sur un canapé richement décoré, situé sur une estrade qui surplombe la salle. Les deux époux reçoivent les félicitations et vœux de bonheur par les proches et les amis.
La dokhla est une occasion pour les jeunes mariés de porter des costumes traditionnels.
En général, la jeune mariée porte une superbe « kissoua » ou une magnifique « fouta ».

Une forte tendance à moderniser la cérémonie de mariage

Outre les considérations purement économiques rendant les cérémonies de mariage de plus en plus chères, une grande partie de la jeunesse jeunes se lassent de la complexité de l’organisation relative aux mariages traditionnels et n’y trouvent que tracasseries inutiles.
Les jeunes optent de plus en plus pour des fêtes simples avec un nombre limité d’invités ; cette tendance s’explique surtout par le fait que de plus en plus de jeunes se sentent « anti-conformistes ».

Notes et références bibliographiques :

(1) Le Coran, trad. J. Berque. Sindbad, 1990. Sourate II, verset 223.
(2) A. Bouhdiba : La sexualité en islam. Paris, PUF, 1975. pp. 302 et 303.
(3) Recueil de propos et de récits attribués au Prophète
(4) Le mahr est mentionné dans le Coran, verset 4 de la sourate 4 (An-Nisā’) :
« Et donnez aux épouses leur mahr, de bonne grâce. Si de bon gré elles vous en abandonnent quelque chose, disposez-en alors à votre aise et de bon cœur. »
(5) Le Rhassoul (Rassoul ou encore ghassoul) est un adoucissant à base d’argile et hypoallergénique qui convient à tous types de peaux. Il s’applique sur le visage, le corps et les cheveux. On y ajoute souvent de l’eau de rose ou de fleur d’oranger pour parfumer la peau. Quelques gouttes d’huile d’argan, d’amande douce pour nourrir les peaux sèches.
(6) Le Code de la famille algérien, adopté le 9 juin 1984 par l’Assemblée populaire nationale, regroupe les règles qui déterminent les relations familiales en Algérie. Ce code inclut des éléments de la charia.

Bibliographie indicative :

ASCHA, Ghassan, « Mariage, polygamie et répudiation en islam », éd. L’Harmattan, Paris, 1997.
ENKHEIRA, Mohamed, « L’amour de la loi.Essai sur la normativité en islam », éd. PUF, Paris, 1997.
BOUHDIBA, Abdelwahab, “La sexualité en Islam”, PUF, Paris, 1986.
CHEBEL, Malek, “Le corps en Islam”, éd. PUF, Paris, 2000.
Bonte, Pierre, 1994 «Manière de dire ou manière de faire: peut-on parler d’un mariage “arabe”?», in Pierre Bonte, ed., Épouser au plus proche: inceste, prohibitions et stratégies matrimoniales autour de la Méditerranée. Paris, Éd. de l’Ehess:
Le Coran…, 1990 Le Coran: essai de traduction par Jacques Berque. Paris, Sindbad.
Ferchiou, Sophie, 1992 Hasab wa nasab: parenté, alliance et patrimoine en Tunisie. Paris, Éd. du CNRS.
Lévi-Strauss, Claude, 1959 «Le problème des relations de parenté», in Systèmes de parenté: entretiens interdisciplinaires sur les sociétés musulmanes. Paris, EPHE, VIe section: 13-20.
—, 1983 «Du mariage dans un degré rapproché», in Le Regard éloigné. Paris, Plon: 127-140.
Cuisenier, Jean, 1962 «Endogamie et exogamie dans le mariage arabe», L’Homme 2 (2): 80-105.
DOI : 10.3406/hom.1962.366486

Référence numériques :

https://www.comptoir.fr/blog-voyage/maroc/le-mariage-marocain-en-17-particularites/mar
http://www.mariage-franco-marocain.net/article-29827658.html
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/07/18/en-algerie-les-folles-depenses-des-mariages_5162030_3212.html
https://journals.openedition.org/insaniyat/11687
https://www.lagbd.org/index.php/Droit_international_priv%C3%A9_et_compar%C3%A9_des_mariages_franco-alg%C3%A9riens_(fr)_(dz)
https://lepetitjournal.com/vivre-a-tunis/traditions-le-mariage-tunisien-53569
https://mariage.ooreka.fr/astuce/voir/298959/deroulement-d-un-mariage-tunisien

Les droits et devoirs des tunisiens en France


https://www.maghress.com/fr/marochebdo/126625
Célébration du mariage en Algérie : entre traditions et modernité
http://www.ec-petition.eu/mariage-tunisien/